Vlad et ses deux compagnons avaient passé une seconde nuit dans la forêt. Bien évidemment, les injures avaient fusées entre le nain et la furie, mais l'autorité naturelle du premier et surtout sa capacité à crier plus fort que les autres avaient fini par les mettre d'accord sur la nécessité de lui obéir.
Le lendemain soir, alors que la lune se levait pour remplacer le soleil couchant, ils s'étaient tous les trois mis en route vers le centre du village, prenant bien soin de ne pas être reconnus, rasant les murs des habitations.
Arrivés devant l'estrade du peuple, Vlad chuchota :
Bob, les outils ! Donn'moi la scie, et passe à c'te folle le ciseau à bois !
Le géant s'exécuta. Il n'avait pas tout compris au plan de son chef, mais son naturel obéissant et quelque peu crétin avait remplacé la capacité de raisonner depuis longtemps.
Vous savez c'que vous avez à faire : Bob, poste-toi là-bas pour qu'ça n's'écroule pas, et Hilda, viens avec moué...
Un passant regardant l'estrade à cette heure aurait peut-être entendu le bruit discret des outils que l'on manie ; mais à cette heure-ci, les habitants étaient à la taverne ou chez eux, et les trois compères purent repartir sans être inquiétés...